SIG Libre vs Propriétaire : quels Choix?

La comparaison entre les logiciels des Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) libres et Open Sources et les logiciels SIG payants fait débat. Cette question divise souvent la communauté des professionnels de la Géomatique. Certains avancent que les logiciels payants sont plus robustes. A l’opposé, les partisans du SIG Open Source insistent sur la gratuité des technologies géospatiales à disposition. Gratuité vs Robustesse, les avantages et les inconvénients du SIG libre et propriétaire (le terme commercial étant inapproprié, merci à Vincent P pour son commentaire) ne se limitent pas à cette opposition. En effet, de nombreux facteurs poussent certains géomaticiens à adopter un logiciel SIG plutôt qu’un autre. Mais l’utilisation de technologies et logiciels SIG est-elle réellement choisie?

Dans cet article, on aborde quelques pistes de réflexions sur les choix des utilisateurs. Le post ne traite pas d’une comparaison technique entre les fonctionnalités des technologies de chaque catégorie présentée ici. Tous simplement, car il est impossible de connaître l’ensemble des fonctionnalités SIG des logiciels existants. Ainsi, on discute dans un premier temps des mécanismes qui impactent les choix des géomaticiens. L’approche s’appuie sur les rapports d’une personne face à la possibilité d’acquérir, d’utiliser et de faire évoluer ses informations jusqu’à l’obtention de résultats. Et dans un second temps, l’évaluation des résultats positifs obtenus par les expériences de nombreux géomaticiens grâce au SIG libre m’amène logiquement à la présentation d’une liste de technologies SIG Open Sources.

Pour rappel, on définit l’ensemble des composants d’une architecture SIG par les serveurs, les Systèmes de Gestion de Bases de Données, les logiciels bureautiques, les API de WebMapping et les langages de programmation utilisés en SIG.

I. L’acquisition des connaissances grâce à un SIG libre vs un SIG payant

I.1. Établissement d’une hiérarchie dans l’apprentissage des technologies SIG

Revenons sur les principes basiques des fondements d’une hiérarchie dans notre société. Sur la base de l’accumulation des biens et des marchandises, l’Homme s’est spécialisé dans diverses fonctions. Cette spécialisation entraîne une interdépendance des individus pour la réalisation de la plupart des tâches. Par le biais des échanges, des rapports dominants vs dominés naissent et cette hiérarchie établie entre ces deux groupes est plus ou moins prononcée selon la capacité d’acquérir de l’Information. En effet, la connaissance accumulée génère une meilleure productivité. Henri Laborit développe largement cette observation générale et reproductible dans tous les domaines d’activités.

En Géomatique, ces principes sont aussi valables pour la manipulation des logiciels SIG et l’évolution informationnelle que l’on en fait. En clair, un logiciel payant dominera toujours son utilisateur car les marges de manœuvre de ce dernier correspondent aux fonctionnalités développées par l’éditeur. Pour aller plus loin, le logiciel SIG impose à l’utilisateur une certaine acquisition de compétences limitées par des accès et des modifications nuancées sur les algorithmes implémentés. Dans le même temps, il est très confortable pour l’utilisateur d’être guidé par un logiciel SIG.

A contrario, les technologies SIG libres et Open Sources donnent les outils pour acquérir et développer de nouvelles informations. Cette logique permet de mieux appréhender les fondements de la Géomatique et des SIG. Une fois acquise, la connaissance est mise en production pour le développement de nouveaux services SIG. L’innovation dans la création de nouveaux algorithmes géospatiaux et fonctions est mise en œuvre. Toutefois, cette acquisition informationnelle à travers le SIG libre n’est pas simple et demande des efforts importants de la part de l’utilisateur.

I.2. Les choix d’utilisation des logiciels SIG imposés?

Maintenant, si on pousse le rapport dominants vs dominés un peu plus loin, il est malheureusement commun d’observer l’instauration d’un asservissement des dominés. L’acquisition informationnelle obligatoire puis plus ou moins choisie est proposée par le système éducatif. L’apprentissage d’une discipline devrait être objectif et basé sur une connaissance fondamentale et non orientée. Cette objectivité garantit à l’apprenant la possibilité de construire une critique constructive afin de déterminer ses propres choix et actions. Dans cette logique, la manipulation des technologies SIG devraient permettre au géomaticien de comprendre pourquoi il appuie sur tel ou tel bouton du logiciel.

En clair, l’utilisateur doit pouvoir assimiler les fondements d’une technologie et les fonctions géospatiales mises en œuvre. Ainsi, en plus de pouvoir analyser un résultat, le géomaticien pourrait envisager des évolutions. La réalité de nombreuses formations en Géomatique est tout autre avec l’apprentissage à marche forcée de logiciels SIG cloisonnés. De surcroît, comme beaucoup d’individus pensent malheureusement que l’apprentissage s’arrête à la fin de leur cursus scolaire, ses acquis l’orienteront toujours vers l’utilisation de logiciels enseignés.

Triste nouvelle? Me direz-vous. Mais non, la solution réside dans le fait que le dominant en accumulant l’information et le savoir, et donc une productivité importante, se déploie aussi beaucoup plus vite. En accumulant des capitaux, il peut dès lors inonder le marché -et les universités- de ses offres. Le jeune diplômé peut dès lors trouver facilement un travail dans une société ou une collectivité utilisatrice des services du dominant. Ouf! On a sauvé les étudiants géomaticiens.

En résumé, le dominant acquiert de l’information, qui lui permet d’innover et de proposer de nouveaux services SIG. Il échange avec des clients, accumule des capitaux et inonde le marché de ses offres. Il touche dès lors tous les corps du domaine de la Géomatique : étudiants, sociétés, collectivités et décisionnaires. Ainsi, s’instaure un cercle vicieux où la concentration des pouvoirs est inéluctable. Le jour où le dominant décide de changer ses conditions générales d’utilisation et ses conditions générales de vente, il est déjà trop tard. On peut par exemple citer la mise en œuvre d’une tarification agressive ou encore le fait de soumettre ses services sous forme d’abonnement. Certes des lois internationales sur les positions dominantes existent mais leurs mises en application sont rares.

La solution pour les dominés ? La fuite vers le SIG libre Open Source et les langages de programmation qui garantissent une liberté et une maîtrise de fonctionnement. Et après de nombreux échanges en Géomatique et des années d’expériences, on peut dire que les résultats sont probants. D’ailleurs, à l’échelle internationale, l’Open GeoSpatial Consortium (OGC) se charge de coordonner les différentes actions et stratégies de développements SIG Open Sources.

I.3. L’Open Source : une diversité de valeurs à défendre

Dans la section précédente, on a démontré que l’Open Source favorise l’ouverture vers des axes de développement choisis et non subis. Cette liberté d’acquisition et de développement des informations porte aussi sur des prises de conscience sociétales à porter à connaissance. Il est question notamment de l’utilisation de l’Open Source par les Femmes et par la mise en valeur de leurs travaux. L’égalité Femme – Homme dans dans le monde de l’Open Source est-il respectée? Qu’en est-il dans le domaine de la Géomatique? Quelle est la proportion Homme Femme, responsable de services SIG? ou créateur d’entreprises et de business SIG? De manière globale, cette représentativité a été discutée lors du Paris Open Source Summit. 


Les prises de conscience et les combats sont de plus en plus nombreux pour défendre des valeurs de rapports de force plus justes dans l’utilisation des technologies Open Sources. Ces dernières sont d’autant plus reconnues qu’elles sont utilisées par une grande communauté. Leur diversité présentée dans la partie suivante est aussi un facteur de réussite.

II. Liste des technologies et logiciels SIG libres et gratuits

Logiciel sig libre QGIS à télécharger

Il est difficile de quantifier la part de l’utilisation de logiciels SIG et de logiciels propriétaires (commerciaux) dans les collectivités et les sociétés. On remarque toutefois que de nombreux utilisateurs se tournent vers des solutions bureautiques gratuites avec le téléchargement de QGIS. Et dans le même temps, les solutions serveurs restent souvent dans le giron d’éditeurs. Ces propos sont tirés de simples observations et d’échanges et ils restent donc à vérifier. Toutefois, ce dont il est certain est que les utilisateurs des solutions SIG Open Sources proposent toujours plus de services géomatiques répondant à des besoins d’une diversité grandissante. Ainsi, les services SIG vont de la mise en place de WebSIG communal jusqu’au développement de Business SIG.

II.1. Les langages de programmation informatiques utilisés en SIG libre

Les langages de programmation utilisés pour divers objectifs du SIG libre sont nombreux. On peut citer Java, C, C++ et Python. Les langages informatiques PHP et JavaScript sont aussi largement utilisés pour les développements web telles les interfaces de WebMapping. Ils sont à la base de tous développements de logiciels, d’applications et de sites internet. En SIG, de nombreux logiciels SIG sont développés, maintenus et améliorés chaque jour grâce aussi à la participation de tous ses utilisateurs. La section suivante présente une liste non exhaustive de solutions SIG libres répertoriées dans six catégories.

II.2. Les Développements et Logiciels SIG gratuits

Le SIG libre est présent dans tous les composants d’une architecture SIG.

II.2.1. Serveurs cartographiques

  • GeoServer
  • MapServer
  • QGIS Server

II.2.2. Système de Gestion de Base de Données Relationnelle

  • PostgreSQL / PostGIS
  • MySQL

II.2.3. API de WebMapping

  • OpenLayers
  • Leaflet
  • Cesium
  • Three3js

II.2.4. Logiciel SIG

  • GDAL
  • QGIS
  • Grass
  • Saga
  • R
  • GvSIG

II.2.5. Infrastructure de Données Géographiques

  • GeoNode
  • GeOrchestra

II.2.6. Métadonnées

  • GeoNetwork

En conclusion, l’acquisition des connaissances géomaticiennes est indispensable afin d’avoir une certaine part de liberté professionnelle. Pouvoir comparer les outils SIG en tout état de cause est important pour parvenir à ses objectifs. Ainsi, la maîtrise d’un maximum de technologies favorisent l’affranchissement de certains logiciels SIG payants « cloisonnés ». On a vu qu’il existe de nombreux logiciels SIG libres dont l’OGC coordonne les standards. Les langages de programmation, à la base de ses logiciels, ouvrent également la voie à de nombreux développements comme des WebSIG ou des Business SIG afin de répondre aux besoins du public. En résumé, « la liberté est choix » (JP Sartre) et le SIG libre est un choix pour le géomaticien.

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A propos Florian Delahaye

Passionné de Géomatique

4 réponses à SIG Libre vs Propriétaire : quels Choix?

  1. Vincent Picavet dit :

    C'est franchement triste qu'en 2018 on puisse encore écrire ce genre de choses, alors que ça fait 20 ans qu'on se bat pour que les idées-reçues sur le logiciel libre soient défaites.

    À l'heure où le rachat de RedHat bat des records de valorisation, être encore et toujours dans le poncife logiciel libre = gratuit versus logiciels commerciaux, c'est vivre dans un autre age.

    Alors ce serait sympa de corriger tous les sous-entendus non vérifiés de cet article, à commencer par le titre.

    - les logiciels libres sont aussi des logiciels commerciaux, étant donné qu'on en fait le commerce ( cf RH )
    - Les modèles économiques sont effectivement différents
    - Le libre n'est PAS gratuit : développer un logiciel coûte de l'argent, les développeurs, documenteurs, testeurs, ne vivent pas d'amour et d'eau fraiche
    - Un logiciel "payant" ça n'a pas de sens. Parlons de TCO, de coûts de migration, de possession, de sortie, de licence, de formation, mais pas de gratuit versus payant
    - On dit logiciel "propriétaire" par opposition à logiciel libre
    - "Certains avancent que les logiciels payants sont plus robustes" : certainement les mêmes qui ont toute leur infrastructure sous AWS, Azure, Docker, K8S, Apache, NGinx, etc, etc. Cette idée-reçue a même été mesurée pour la prouver fausse. Et je vous mets au défi de trouver un bug dans PostgreSQL qui ne soit pas corrigé en 24h
    - Il y a des éditeurs de logiciels opensource, parfois plusieurs éditeurs pour un même logiciel, en coopétition. Ici encore pas d'opposition
    - "les solutions serveurs restent dans le giron d'éditeurs" : ça n'a aucun sens, et sur quoi ça se base ? Qu'est-ce qu'une solution serveur, surtout à l'heure où on revient au "Serverless" ? PostGIS c'est serveur, NginX c'est serveur, PHP, Flask, Geonode, Geoserver, Georchestra et bien d'autres montrent que cette affirmation est du vent

    Sur le fond de la réflexion sur le partage de la connaissance et la liberté offerte à l'utilisateur de solutions opensource, on ne peut qu'être d'accord. Mais ça mériterait de creuser plus avant la notion de vendor lock-in, de bien commun, et d'"utilisateur-acteur" notamment.

    Bref, commencer par faire attention aux termes utilisés et les corriger pour rester dans le juste et vérifié ça piquerait moins les yeux à la lecture.

    Et je fais de la pub éhontée pour ma paroisse avec une vidéo de table ronde de la dernière pgsession qui reprend pas mal de notions sur les avantages, difficultés et possibiltés de contributions opensource :
    https://vimeo.com/304404320

    -

  2. Florian Delahaye dit :

    Les titres des articles de mes sites répondent à des algorithmes de SEO. La problématique ici traite du choix de l’utilisateur face aux différentes technologies et logiciels SIG disponibles. Nous sommes bien évidemment d’accord sur le fait que le SIG Open Source -avec lequel je travaille exclusivement- demande des ressources humaines et financières et que le cloisonnement des logiciels SIG mis en vente sur le marché est à nuancer. Ensuite, je ne vois pas d’inconvénient à la mise en avant de votre société même si le caractère cynique -selon votre qualification- de cette promotion « open » est dans la continuité de certaines de vos remarques 😉 . Enfin et c’est le principal, je vous remercie pour vos observations constructives.

    • VincentP dit :

      On peut écrire pour du SEO sans écrire de choses fausses.

      En l’occurrence, il faut clairement corriger « Commercial » en « Propriétaire » dans le titre et tout l’article.

      Sinon non seulement ça n’a pas de sens, mais ça continue de véhiculer des poncifs qui n’ont plus cours. D’autant plus si le SEO fonctionne.

      Si mes observations sont effectivement constructives, il serait juste de corriger l’article pour éviter de continuer à transmettre des faussetés. Les lecteurs ne vont que rarement lire les commentaires.

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